A lire : Frithjof Schuon, "l'anti-occidentalisme des occidentalisés"

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A lire : Frithjof Schuon, "l'anti-occidentalisme des occidentalisés"

Pour ce qui est de l'Orient, il faut donc commencer par distinguer, - sous peine de contradictions inextricables - entre les Orientaux qui ne doivent rien, ou à peu près, à l'Occident, et qui ont toutes les raisons et tous les droits de lui résister, et ceux qui, au contraire, lui doivent tout - ou s'imaginent tout lui devoir - et qui passent trop volontiers leur temps à énumérer les crimes coloniaux de l'Europe, comme si les Européens étaient les seuls hommes à avoir conquis des pays et exploité des peuples. L'empressement aveugle avec lequel les Orientaux occidentalisés, quelle que soit leur couleur politique, poussent l'occidentalisation de l'Orient, prouve sans contredit à quel point ils sont convaincus de la supériorité de la civilisation occidentale moderne, celle-là même qui a engendré le colonialisme, comme aussi le machinisme et le marxisme; or il est peu de choses aussi absurdes que l'anti-occidentalisme des occidentalisés, car de deux choses l'une: ou bien cette civilisation est digne d'être adoptée, et alors les Européens sont des surhommes auxquels on doit pour ainsi dire une reconnaissance éternelle, s'il est permis d'user d'un abus de langage; ou bien les Européens sont des malfaiteurs dignes ce mépris, et alors leur civilisation tombe avec eux et il n'y a aucune raison de l'imiter. En fait, on imite l'Occident intégralement, du fond du cœur et dans ses caprices les plus inutiles; loin de se borner à un armement moderne en vue d'une légitime défense ou à un outillage économique pouvant faire face aux situation créées par la surpopulation et dues en partie aux crimes biologiques de la science moderne, on adopte l'âme même de l'Occident anti-traditionnel, au point de demander à la «science des religions» et à la psychanalyse, voire au surréalisme, les clefs de la sagesse millénaire de l'Orient. En un mot, on croit à la supériorité de l'Occident, et on reproche aux Occidentaux d'y avoir cru.

Frithjof Schuon, Castes et races, le sens des races

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